Les procureurs américains cherchent à impliquer Mark Zuckerberg


Mark Zuckerberg est-il personnellement intervenu dans des arbitrages défavorables à la santé mentale des plus jeunes utilisateurs adolescents d’Instragram ? C’est en tout cas la thèse des procureurs d’une quarantaine d’Etats américains, qui avaient déposé il y a deux semaines une plainte commune contre le groupe Meta, accusant l’entreprise de nuire sciemment au bien-être des adolescents.

La première version de la plainte rendue publique était largement censurée, avec de nombreux passages restés confidentiels. Mercredi 8 novembre, une version non censurée a été publiée par l’Etat du Massachusetts au lendemain du témoignage devant le Congrès américain d’Arturo Bejar, un ancien cadre d’Instagram qui dénonçait lui aussi des manquements de la part du groupe Meta dans la protection des adolescents.

La version complète de la plainte montre que les procureurs estiment que Mark Zuckerberg en personne a ignoré plusieurs alertes internes et refusé de prendre au sérieux certains problèmes de santé mentale pouvant être aggravés par des fonctionnalités du réseau social. Ils notent en particulier que des filtres « beauté » proposés par Instragram avaient été identifiés comme possiblement dangereux par les équipes internes de l’entreprise, et que dès 2019, des responsables d’Instragram avaient proposé de les désactiver pour les utilisateurs les plus jeunes.

Etudes internes

Selon les documents, Mark Zuckerberg avait rejeté cette proposition, pourtant soutenue par plusieurs très hauts responsables de Meta, dont Adam Mosseri, le directeur d’Instagram, et Andrew Bosworth, le responsable des technologies du groupe. En 2021, lorsque Nick Clegg, le directeur des affaires publiques de Meta, demande un renforcement des moyens alloués notamment à la lutte contre le harcèlement, Mark Zuckeberg ne donne pas suite, note également la plainte.

Selon Arturo Bejar, qui s’appuie sur des discussions avec des responsables d’Instagram, Mark Zuckerberg aurait jugé que les données internes ne prouvaient pas que les filtres « beauté » avaient un effet négatif sur la santé mentale des adolescentes.

Fin 2021, selon des documents rendus publics par une ancienne employée de Meta, Frances Haugen, des études internes montraient des corrélations entre l’utilisation d’Instagram et un sentiment de mal-être chez une partie des adolescents. S’ils n’établissaient pas un lien de causalité direct, ces documents montraient que Meta avait conscience de possibles effets négatifs de certains de ses produits auprès du jeune public.

Auprès de la presse américaine, Meta a vivement contesté les accusations contenues dans la plainte, estimant que cette dernière est « remplie de citations tronquées choisies dans une poignée de documents, qui ne montrent pas le contexte réel dans lequel l’entreprise fonctionne, ni comment les décisions sont prises », dit Meta dans un communiqué cité par CNN.

Le Monde



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